Les 8 heures du Mans - 6 et 7 mai 2017 - COMPTE RENDU
Entrez dans la légende
Fouler les traces des plus grands.
Ressentir l'émotion jusqu'au plus profond de soi.
Ce week-end, les Fun Racing Cars avaient rendez-vous dans un lieu mythique. On ne s'habitue jamais aux lieux mythiques. Hormis peut-être certains dont la sensibilité est proche de celle d'un ectoplasme refroidi par un excès de comptabilité, ou provoquée par la lassitude d'aménager les bureaux de la rue Lauriston.
Quand vous avez la chance, que dis-je la chance, le privilège, l'honneur, de pouvoir user l'asphalte d'un tel monument, c'est une prise de conscience naturelle qui doit s'emparer immédiatement des neurones même les plus endommagés par les excès multiples de Végas ou d'ailleurs.
Dès 1884, des courses étaient organisées sur la ligne droite des Hunaudières. Mais c'est surtout le Grand Prix Automobile de France de 1906 qui donnera naissance à ce circuit du Mans, premier grand prix organisé par l'Automobile Club de France, alternative à la Coupe Gordon Bennett dont la règlementation était trop restrictive pour la France. Pour l'anecdote le tracé de ce circuit était de... 103,18 km ! A travers ce siècle, le tracé a bien sûr largement évolué. Ce n'est qu'en 1966 que le circuit permanent, le Bugatti, est construit.
Le circuit routier tel que l'on le connait date de 1923, avec la première course de 24h organisée par L'Automobile Club de l'Ouest. Dès 1932 la longueur du circuit routier sera arrêtée autour de 13 km, et depuis 2007 à 13,629 km.
Sur le tracé de 1987 à 1989, de 13,535 km, c'est Alain Ferté qui détient le record de vitesse avec 221,665 km/h de moyenne sur Jaguar XJR-9LM. Battu seulement en 2015 par André Lotterer sur Audi R18 E-tron.
Après avoir refusé à maintes reprises de rouler sur le 13 km, c'est bien le tracé cinquantenaire qui nous attendait pour ce beau week-end.
58 Fun Cup et 25 Mitjet 2L pour cette réunion exceptionnelle.
Troisième rendez-vous de la saison.
De l'eau, du sec, du chaud, du froid, à tendance fraiche et humide, n'en déplaise à Franck E. Plateau magnifique, composé lui même de pilotes non moins magnifiques. Ils ont fière allure dans leurs habits de lumière, surtout le samedi matin pour aborder les essais de Mitjet.
A ce moment là de la journée, nous avons un peu l'impression de suivre Noé, montant non pas dans l'Arche, mais en voiture. Selon l'oncle Georges, il pleut des hallebardes. La température au sol n'excède pas les 7 degrés. Même les canards les plus audacieux ne s'y aventurent pas. Certaines mauvaises langues, et il en est aux dires de certaines qui ont eu des expériences malheureuses (pas forcément avec des comptables), disent qu'il pleut tous les week-ends de course. Nous tenons à bien préciser que même si cela n'est pas complètement faux, ce n'est pas non plus complètement juste. Enfin pas sur l'intégralité. Même à Miami... faut le faire ! Sic. Inutile de vous préciser que les chronos ne sont pas tombés lors de cette séance d'essais. Que certains n'ont pas vraiment brillé.
Seuls, quelques virtuoses ont su tirer leur épingle de ce jeu glissant.
La 46 de Modena Motors s'impose sur cet exercice devant la 999 de TFE et la 43 de MT-Racing.
Cette matinée passée sous l'eau froide, la course se prépare et la meute se met en grille... sous l'eau.
Ce n'est qu'en 1990 que les deux chicanes de la ligne droite des Hunaudières seront mises en place ; auparavant les concurrents y tenaient une vitesse de près de 400 km/h durant une minute, record en 1988 avec 405 km/h pour la WM.
Pour le départ des Mitjet, nous sommes sur un départ lancé.
Ce qui est le cas pour les 24h depuis 1971. Arrêté en ligne de 1923 à 1924, c'est le départ en épi, dit "Le Mans", qui a longtemps marqué les esprits, de 1925 à 1969, les pilotes courant vers leur voiture. En 1969, suite à l'incident de Willy Mairesse l'année précédente, et pour marquer son opposition à ce type de départ, Jacky Ickx traverse la piste en marchant pour rejoindre sa voiture et s'élance bon dernier. Ceci ne l'empêchera pas de terminer premier de cette édition. Une ultime tentative est faite en 1970 avec le départ en épi et pilote à bord avant d'abandonner définitivement cet exercice relégué désormais à la légende.
Nombreux sont ceux qui souhaitaient que nous options pour le départ en épi, avec course effrénée des pilotes hirsutes se ruant dans leurs bolides, mais un calcul de la vitesse de déplacement, même optimiste, et une péréquation de l'angle d'insertion dans l'habitacle nous amena tout droit à une problématique de sécurité, car la voiture de tête sera inévitablement revenue sur la ligne de départ alors qu'Olivier P. ne sera toujours pas dans sa voiture. Nous ne pouvions courir (comme lui) un tel risque même si François G., apprenant ceci, tenait du coup à ce que nous le fassions. En 2016, Brad Pitt avait donné le départ des 24h. C'est Scarlett Johansson qui devait donner le départ des courses ce week-end, mais elle a été retenue au dernier moment. Mais vraiment au tout dernier moment. Dommage.
Les Mitjet s'élancent donc sans Scarlett. La 999 la regrettant tellement, qu'il en loupa son départ cédant à la mélancolie. Les autres en profitèrent largement. Ingrats qu'ils sont. Départ sans encombre. Course superbe, avec une légère amélioration sur la fin, finissant sur un léger gras-mouillé très glissant.
C'est la 79 d'AGS Events qui s'impose devant la 999 de TFE et la 48 de MT-Racing.
La 28 de Yokohama termine 7ème bien qu'elle eu beaucoup de mal à se décider pour les relais tellement ils étaient motivés pour la glisse. Vas-y toi. Non vas-y. T'es sûr ? Non mais quand même vas-y...
Certains ont cru que le Garage Vert était une station service où ils pouvaient faire le plein. MDR !
Certains ont tenté de battre Louis Rosier sur sa superbe Talbo Lago : en 1950 il s'impose aux 24h en ne laissant son fils piloter que durant deux tours. Peut être qu'il pleuvait en 1950...
Aux 24h, le numéro 1 a été dix fois victorieux en 82 éditions.
CQFD.
Mais le 2 a été neuf fois gagnant.
Alors que le 3, le 4 et le 7 se sont imposés 6 fois.
La 60 jamais, et ce n'est pas aujourd'hui que cela va changer.
Cédant la place aux fougueux funcupiens,
la piste se remplit immédiatement pour les premiers essais.
Avec près de 250 pilotes chevronnés ou non, c'est un plateau fabuleux qui s'ébroue sur la piste encore humide. Mais ce n'est pas tant la quantité que la qualité des pilotes qui nous émeut ici. Leur diversité en tous genres, et pas seulement sur le physique comme se plait à s'y attarder régulièrement votre serviteur (qui ne sert à rien) : des novices, des expérimentés ou presque, des grands, des petits, des talentueux, des Polo, des superbes, des Fred D., des gentils, d'autres, des lucides, beaucoup d'autres, des maigres, aaaaargh, des travailleurs, des talents purs, des MOP... Belle diversité !
Tous ravis, mais parfois inconscients de leur chance, de pouvoir exprimer leur talent ou non sur ce circuit.
Lors de l'édition 2004, le thermomètre installé à bord des Corvettes affichait 62 degrés au moment du départ.
Eh bien ce n'est pas le cas ! Le mercure a dû mal à toucher les 15 degrés.
Mais cela n'altère qu'à peine la joie des congénères (Non Jérôme, ce ne sont pas des cons qui font joyeusement de la musculation... rien à voir !). Les essais qualificatifs, sorte de miroir des prétentions de chaque équipage, même s'ils ne servent à rien car il y a un tirage au sort par la suite, sont remportés par la 219 de TFE devant la 298 de No Limit Racing et la 400 de DNS Racing.
Cédric Heymans ayant enfin abandonné le rugby, réalisant que sa vraie carrière était davantage en tant que team manager automobile plutôt que de perdre un temps précieux à envoyer des ballons, ovales de surcroit, en arrière alors qu'il faut avancer, face à des animaux de plus de 100 kilos qui ne pensent qu'à vous arracher les parties génitales si vous avez encore le dit ballon toujours ovale entre les mains, ce cher Cédric donc avait composé un équipage de chefs.
Pas indiens.
Pas militaires.
De cuisine. De pâtisserie.
Voilà un talent bien exploité.
Le meilleur essai, et pourtant il en a marqué plein, de ce cher Cédric.
Un seul hic dans l'histoire... Ils sont venus les mains vides et n'ont rien fait du week-end !!! Si ce n'est conduire, mais en l'espèce on s'en fiche. Pour une première, c'est dur mais ça passe. En revanche pour la prochaine, on va prévoir.
Que Michel Sarran ne nous prépare pas de langoustines et encornets en macaronade c'est inadmissible.
Que Christophe Adam vienne sans un seul Eclair de Génie c'est impensable.
C'est comme on l'espère pour Polo : cela ne se reproduira plus !
Tous ensemble dans cette grande liesse s'adonnent aux joies de la conduite. Certains parvenant même à piloter.
Par bonheur, nous avions le grand Régis parmi nous qui lui ne se déplace qu'avec ou que grâce à ces somptueux coquillages qui ne s'ingurgitent qu'à l'aide du Sancerre de notre Daniel Crochet international, qui d'ailleurs viendra nous en faire déguster, voire nous en vendre s'il n'a pas tout vendu aux américains, ces cochons (confiture oblige), lors de la prochaine course, le vendredi soir, à Magny Cours.
Et paf ! On ouvre les huitres ! Quel régal !
Une bonne nuit de sommeil en se prenant pour Tom Kristensen (non Marc O. ce n'est pas l'amoureux de Candie), Monsieur Le Mans (qui n'a quand même jamais gagné en Fun Cup), 9 victoires, ou pour Henri Pescarolo avec 33 participations aux 24h, et 4 victoires, avec des pages écrites tout en majuscules.
Certains dont nous tairons les noms de Cyril S., écrivent leurs noms en lettres d'or sur les tribunes des stands, entre délires alcoolisés (tout est à cause de Polo, c'est comme pour Laurent D., à moins que ce ne soit la faute de Gérald R., coqueluche, pas la maladie, de la Sarthe et des alentours, et même allant ailleurs) et délires nocturnes, provoquant des réactions du plus bas étage qui soit et que la décence nous interdit d'étaler ici compte tenu de la taille relativement réduite de la chose (c'est déjà assez pénible pour madame S.).
Par chance le matin le soleil se lève.
L'ensemble de la troupe rejoint le circuit avec une tête approximative pour les plus volontaires venant du Portugal ou ricanant, le corps poilu secoué par les soubressauts des ricanements aux billevesées hibériques.
Ceux qui ont les yeux très enfoncés, comme les roues plus tard, sont ceux qui ont le maximum de volonté pour rejoindre la couche désespérément vide.
Certains pilotes enjoués sont même en avance, permettant de finir le balayage d'une piste pourtant parfaite, dotée d'un tout nouveau revêtement qui a déjà largement prouvé sa qualité la veille sur le mouillé (là il n'y a pas de contrepèterie).
Mais c'est bien une sécheresse qui est prévue pour ce dimanche, accompagnée de température estivale pour la Sarthe. Soit quasi polaire pour les départements situés au sud de Poitiers (c'est comme les Sables d'Olonne Olivier mais sans l'océan). Le départ est lancé en ordre, et sans heurt, et pourtant à l'heure, mais pas Loire.
On ferme les yeux.
Tout le monde passe le Dunlop.
Mythique.
Et c'est parti pour huit heures de folie.
Superbe course.
La 280 de Socardenne remporte la coupe devant la 400 et la 275 de Zosh Groupe Dirob. Les Spebi n'ont presque pas fait de bêtise. Comme quoi ça sert de bâillonner Pascal R. Et quand Madame R. (Celle de Vincent R. pas de Pascal R.) vient ça moufte pas (même Jean Pierre R... hi hi hi).
Mention spéciale pour la 193 de Tetris Kubik SKR qui termine 10ème très loin devant une 60 qui n'a brillé que dans le noir.
Régis a bien fait son lot de bétise. 17 drive through. Fred D. est heureux. Il faut des repères dans la vie. Des choses qui ne changent pas. Comme la politique française. Sinon on est perdu.
Merci Régis.
Que de beaux moments de partages et d'émotions à peine contenues, mais il faut bien se retenir un peu quand même.
Chacun ne manquera pas de se prendre après ces quelques passes d'armes, pour le grand Jacky Ickx, six fois vainqueur des 24h.
Chacun ne manquera pas d'avoir un pincement au cœur et ailleurs en voyant les ainées (par le talent) passer sous le Dunlop au mois de juin, lors du grand rendez-vous mondial du sport automobile... La plus belle course du monde !
D'ici là, les meilleurs seront à Magny-Cours pour un week-end non moins magique avec encore Régis, encore des huitres, encore des drive through, et encore du blanc !
Pour le reste... vivement qu'on y soit !
Au fait vous connaissez Tico Martini ?
PODIUM MITJET
2L
GÉNÉRAL
1 - 79 - AGS EVENTS 3 2 - 999 - TFE BY GPC 3 - 48 - MT RACING
PODIUM MITJET
2L
MÉDIAIRE
13e - 43 - MT RACING 14e - 74 - GPC MOTORSPORT 15e - 40 - ZOSH-GROUPE DIROB
PODIUM FUN CUP GÉNÉRAL
1 - 280 - SOCARDENNE BY MILO 2 - 400 - DN'S RACING 3 - 275 - ZOSH - GROUPE DIROB