Les 8 heures de Dijon - 20 et 21 avril 2013 - COMPTE RENDU
Cher journal ...
J’arrive en ce vendredi soir sur un circuit de Dijon, qui a célébré ses 40 ans il y a peu ou presque. Mon peu de culture automobile bloque inexorablement les vibrations dans mon corps. Bataille Arnoux Villeneuve. Aux cartes ?
Pfff…
Tant pis…
L’ambiance dès ce vendredi, malgré une température quasi polaire, est plutôt décontractée. Joviale même. Les gens sont gentils avec nous. Avec moi. Signe d’une convivialité sans limite. Nous conversons avec tout ce petit monde.
43 Fun Cup se sont données rendez-vous pour cette troisième course de la saison.
Malgré la crise, me dis-je, la Fun Cup tient la dragée haute. C’est con cette expression. Après quelques échanges sur la météo locale, ce qui me va bien, je préfère éviter d’élever trop le débat, nous finissons enfin par échanger quelques canons. Je ne tiens pas l’alcool mais j’aime bien.
C’est vraiment sympa de pouvoir se revoir après ces semaines difficiles. Quel plaisir. C’est vraiment un parfait défouloir me concernant, tant dans la voiture qu’en dehors. Je me lâche. Les autres le savent mais ils ne m’en tiennent pas rigueur. Charité humaine. Ça existe encore. C’est beau même pour moi qui en ai si peu. Ils ne sont pas rancuniers quand même.
Je ne peux pas trop vous parler de la suite de la soirée. La décence m’aurait certainement interdit de le faire.
Rien à voir. Je ne me souviens de rien. Pas grave.
Dring. Le réveil sonne. C’est lors de ces moments là, et uniquement dans ceux-ci, que je prends conscience d’avoir une tête. J’ai même l’impression qu’elle est habitée. L’avantage c’est que je suis déjà habillé. Un brin de toilette. Je tue le ragondin qui est au fond de mon gosier. Direction le circuit. Là c’est l’effervescence à nouveau : hier il faisait grand beau à côté de cette matinée pourrie. Du coup je peux tout de suite participer à la conversation. Pascal A. est déjà très en forme. On entend que lui. Personne ne va donc le faire taire ! En même temps on rit de bon cœur. Ca réchauffe.
Après les quelques formalités administratives je prends la direction de mon team. Ce sont les meilleurs. Et de loin. Ils ont bien voulu de moi. Ils me préparent une super voiture chaque week-end. Je la ruine. Et ils me la refont pour le week-end suivant.
D’entrée je vois sur l’écran les premiers chronos qui tombent. Ils doivent couper quelque part. Ou alors on ne roule pas sur le même circuit. Je me renseigne au cas où… Non. Bon… je vais dire qu’elle manque de moteur. C’est encore le grand qui nous a bien eu, clamais-je au milieu du stand. Des rires. J’aime.
La 164 de Delorme Compétition annonce la couleur avec 1’40’’087. Pas mal pour des essais libres… A un dixième de seconde derrière, François G. sur la 218 de DEFI 4 et la 135 d’Eagle Driver. La 83 de V-Ri-One RKM et la 163 de DEFI 2 sont 4 et 5. On joue pas dans la même cour.
C’est pas grave je suis là pour me faire plaisir. Ceci étant dit la 60 de TDFPB est dans les 10. Merde. Faut que j’attaque Olivier P. au psychologique. La guerre des nerfs est ouverte : je vais lui demander où il mange ce midi…
Tiens le vent se lève. Il fait maintenant très très froid.
Je ris de bon cœur en voyant le grand avec la tête des grands jours qui débite sa litanie. Dire qu’il appelle cela un briefing… Personne n’écoute. Il nous prend pour des premiers de la classe ! On s’en fout royalement de ce qu’il dit, de toute façon on fera n’importe quoi sur la piste… et en dehors ! Heureusement qu’il est frileux, du coup ce fut rapide.
Je m’éclipse discrètement, alors que d’autres (bien souvent ceux qui en ont le moins besoin) vont se repaître, pour aller m’échouer dans un recoin sombre propice à une sieste réparatrice. Malheureusement elle ne répare pas tout.
J’arrive pour les essais qualificatifs, chaud comme une baraque à frites de Bercq. Tac tac badaboum me voilà, le chrono va pleurer. Il est où mon bolide ?
Poussez vous ! Vivement d’ailleurs que je sois riche et qu’enfin je roule tout seul. Obligé de rire à leurs blagues nulles, de partager le volant... y en a même un qui écoute Dany Brillant ! Pffff.
Subrepticement, je passe devant un écran. Les temps s’affolent… Je demande un contrôle de la boucle de chronométrage. Conforme. Je crains l’adversité. Tel le pur sang andalou face à un refus d’obstacle. Je crois que je ne vais pas rouler.
Pascal A. vient me voir. Se vante d’un chrono énoooooorme, sans sentir une goutte de sueur. Il bleuffe. Avec son physique avenant il doit transpirer comme un animal. Tout le monde fait des performances.
Il y en a même qui se prétendent prétendant prétendument à la victoire.
La 135 au grand complet fait partie de ceux-là. Superbe chrono de 1’39’’910. Je pense que c’est Dominique P. qui l’a fait. Il est vite lui. En plus il paraît qu’il va aux GT Days.
Par contre la 24 de Dupon Puype s’est rectifiée dans la courbe avant la cuvette en tentant d’éviter la 140. Ouille dans les pneus… Bien chiffon.
La 216 de PVI WRT, la 199 du Groupe Lemoine sont dans le match. Même les Opalines.
Je décide alors de me concentrer sur la soirée de samedi soir. Vu que pour les chronos c’est mort, autant optimiser ! D’autant plus qu’avec leur règlement, rien ne sert de briller, ce qui m’arrange d’ailleurs : il y a un tirage au sort ! Comme dit le patron : c’est complètement con. Il a bien raison le patron. C’est pour ça qu’il est le patron. Quelque fois cependant, le tirage au sort nous a rendu service et nous avons atteint des places jusqu’alors inespérées…
Mais de toute façon, il est pipé leur tirage au sort. Julia nous dit qu’il est fait par des mains innocentes. Le fils de Kiki. Innocent ? Personne n’est innocent dans cette famille. Tous présumés coupables. Ils mettent les voitures qu’ils veulent où ils veulent. C’est comme ça que ça marche, c’est Olivier P. qui me l’a dit. Et en principe c’est toujours bien ce qu’il me dit. Donc je répète ! Les Kubik sont d’accord avec nous. Même Lionel.
La 201 de Orhès Lucifer et la 142 des Opalines en première ligne. Alors que la 60 est en 9ème ligne. Sabotage. Ils ont mis la 163 de Baticonfort en deuxième ligne. Forcément, il achète les bandeaux de pare-brise. Facile. Mais attention : je ne suis pas dupe ! On ne me l’a fait pas à moi ! J’avais dénoncé Cahuzac il y a déjà bien longtemps.
Personne ne m’écoute.
Pourtant je parle !!!
Même de trucs dont je n’y connais rien. Prenez par exemple le vin : une bonne dégustation d’Albert Bichot était organisée sur le circuit après les essais. J’y ai expliqué le vin au gars, moi ! Il faut leur dire les choses.
Pour le dîner je retrouve des amis.
Des vrais.
Qui m’acceptent à leur table.
Des qui reconnaissent en moi l’homme de valeur que je suis.
Sur Dijon, il doit exister une faille spatio-temporelle, une perturbation dans la matrice, car je me souviens entrer dans ce superbe restaurant… et puis me retrouver habillé dans mon lit. Etrange.
Tiens le ragondin est revenu…
Le départ de la course est prévu à une heure totalement indécente. C’est la raison pour laquelle je n’y vais pas. En signe de protestation. Tout le monde s’en fout.
Il paraît que tous étaient à l’heure sauf Jérôme L. qui était encore en train d’expertiser les prothèses Optic 2000 locales, et Polo l’Ormo. Mais lui n’a pas encore compris qu’il était en retard.
Le départ est donc donné à l’heure avec le froid, mais dans la bonne humeur. Pascal A. est guilleret, Olivier P. a le sourire, Marc O. P. ri, Franco L. a bien dormi, VV est heureux, Vincent Big Pinceau a la banane. C’est beau la Fun Cup. Fédérateur. Convivial. Bref génial ! De toute façon, un truc qui arrive à faire sourire Olivier P. ne peut être que monumental.
La course part sur un bon rythme avec un Gillou survolté sur la 142 : comme une balle, tenant tête à la 163 avec Julien S. Quand même ! La 201 a du mal à résister aux assauts multiples de la 216, 135 et consorts.
Pendant longtemps j’ai cru que c’était un gros mot…
Ils sont à bloc, alors que les compliments fusent à la vue de mon visage au teint frais comme la rose.
Au bout d’une heure 13 voitures sont encore dans le même tour.
Pascal A. est en tête de la course. Tout peut arriver.
Les Opalines Filles se débrouillent mieux que moi. Surtout Valentine. Je suis dégoûté : elles sont 32ème après une heure. Mon orgueil de mâle en prend un coup. Je ne parle pas des pilotes de la 165 de Cocc’s in Hell, des banquiers, qui eux sont 33ème. LA zone. Vu les intérêts que je paie c’est bien fait.
J’erre comme une âme en peine à travers les allées du paddock.
Qui pourrais-je aller emmerder ? Polo !
Bonne idée. Certains flashs me reviennent dans lesquels il apparaît, habillé fort heureusement. J’ai du mal à dater. Je dirais vers vendredi, dans un lieu qui ressemble étrangement aux Antilles. J’arrive dans le stand de DNS. On dirait un territoire annexé par les Ardennes. Bières belges, baby foot liégeois datant de l’arrière-arrière-grand-père de Baudouin 1er. Polo l’ormeau fait couleur locale. Bonne ambiance. Une Jup’ et je glisse deux boxs plus loin jusque chez le Gremlin’s. C’est comme ça qu’on appelle François Gremy. Un animal tout doux, tout gentil. Mais attention de ne pas lui mettre de l’eau dessus sinon il se reproduit (ce serait dommage) et de ne pas lui donner à manger après minuit. Je retrouve là mon Olivier P. qui sourit toujours (doit y avoir un problème) et Ivan qui est content (comme souvent). Très gentiment ils m’invitent à boire un café dans leur hospitality, comme ils disent. Au début j’ai cru que c’était un hôpital. Ensuite j’ai compris que c’était le bordel : François faisait la vaisselle. On a pris des photos pour sa femme. Si si, il peut le faire à la maison maintenant, il sait le faire. Ils me l’ont offert ce café. Sympa ces gens. Vraiment. Le cœur sur la main. Nous échangeons quelques propos venimeux avec Pascal A. qui fait irruption sous le auvent. Je l’aime bien lui aussi mais je ne peux pas le montrer. Les autres se moqueraient de moi.
C’est à partir de ce moment là que les choses se gâtent pour moi, mais vu mon état physique de ce jour, en définitive tout ceci m’arrange même si je ne peux l’avouer : le moteur de notre voiture perd la courroie. Parce qu’il y avait une courroie ! Encore fallait-il le savoir… Et il paraît que sans la courroie, ça marche beaucoup moins bien. Zoup, je me drape dans ma cape, enfile ma superbe, et je scande : puisqu’il est ainsi, je rentre à Paris. La classe. Je dirais à ma femme qu’elle me manquait trop, que je n’y tenais plus et ai souhaité écourter mon week-end de course et courir la retrouver. Je vais marquer des points.
Avant de quitter les lieux, et surtout avant d’aller pourrir le grand sur ses moteurs, je regarde discrètement le classement : nous sommes à deux heures de courses et la 137 d’Eurodatacar, avec ses pilotes à mi-temps (rapport à leur absence du samedi), prend les commandes devant la 199 du Groupe Lemoine. La 4 de Côté Passion, la 135 et la 193 de Tetris suivent le rythme. Je les aurais déposé avec ma courroie.
Je quitte le circuit de Dijon avec grand peine. Tous ces gens s’amusent.
J’ai pour ma part passé un excellent week-end, malgré la rudesse du climat.
En partant Jérôme L. me salue et me souhaite bon courage pour mes chantiers cette semaine. Quels chantiers ? De carrelage me répond-t-il. Ils sont cons ces français : ils croient que tous les portugais sont carreleurs. Ceci finit d’effacer tout regret, et je pars content de ce lieu de perdition.
Il est 11h17. Un beau week-end de course. Seul mon foie a pris des risques. C’est un peu dangereux le sport automobile.
Heureusement que j’ai mon fidèle Sébastien. C’est un peu mon Bernardeau à moi. Il m’emmène à nouveau vers la capitale. Peut être qu’on s’arrête manger à Larche. J’aime bien aller au buffet où on peut se servir tout seul.
Vivement Magny-Cours. Je prendrais peut être ma combi.
La fin de soirée se profile agréablement, nous sommes en famille. Chéri couche vite les enfants s’il te plait. Dring. Téléphone. C’est mon ami Pascal A. qui m’appelle pour me conter la fin de la course. Généreux, il l’a raconté par le menu. Ce fut lyrique. Genre la chevauchée des Valkyries avec la musique de Coppola et tout. Avec un final extra paraît-il. La véritable consécration de Pascal A. Reconnaissance d’un véritable talent : « Entre ici Pascal A. avec ton superbe cortège… ».
La matinée a permis d’identifier les volontaires capables pour la première marche du podium. Tous avaient compris que j’avais déclaré forfait.
A l’issue des 4 premières heures ils sont six dans le même tour. C’est chaud patate.
Ils vont manger. Sans intox. La relance de l’après midi a été terrible. Selon lui il faut regarder le film 300 pour voir des scènes comparables. Il est malade ce type. Ils étaient 7 à se batailler durant tout le premier relais. Un coup à toi, un coup à moi, un coup à toi... On se serait cru à Jerez ! C’est un très grand Jean Charles Rédélé qui a assuré le spectacle avec la 137 sur ce run. La folie ! Déchaîné comme un diable. Lui qui ne boit pas de rhum pourtant. Les aigles du nord sur la 135, la 216 de PVI, la 199, la 4, la 164, la 193 de Tetris, et la 219 de TFE. Comme des malades. Dans tous les sens. C’était terrible. Bon après les choses ont changé, notamment sur la 137 puisque Jean Charles a dû partagé avec les Gnous roses, et là bien sûr, comme le dit très bien mon compatriote Jorge : « c’est douvenou lou bourdel ! ». Faut que l’on se serre davantage les coudes avec Jorge. Il faut que l’on fasse entendre la voix de la péninsule. On va la leur faire nous la révolution de leur Fun Racing Truc.
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Après, ils continuent de rouler mais j’ai un blanc grave : j’arrive même plus à entendre ce qu’il me dit. Il me saoule. Je croie que c’est le moment où il prend son relais. Que c’est chiant les sportifs quand ils parlent leurs propres exploits. Achille était un petit joueur. Faudrait que ce soit l’école des fans : une coupe pour tous car ils sont tous champions du monde, mais ils s’en défendent tous. Enorme.
Quand je reprends mes esprits ma femme est en face de moi avec son négligé en dentelle que j’adore. Et moi je suis au téléphone avec Pascal A. Je tente de conclure net. Impossible, le A de Pascal A. c’est pour Malraux. Incroyable le mec. Je suis obligé d’écouter comme un con, mais les portugais sont polis. On est comme ça.
Une fin de course tonitruante. Ça bruisse dans tout le paddock. On est dans les derniers tours. Toujours six voitures dans le même tour. La 135 tient la tête. Non la 163. Non la 135. Non la 163. La 216 est à un jet de pierre. La 199 lui suce la roue. La 4 est à son porte bagage, et la 137 après quelques arrêts intempestifs colle au train. Plus que trois tours. Plus que deux tours. A moi la dentelle. Dernier tour… et paf ! La 163 gagne pas ! Là j’exulte ! J’étais tellement sûr à l’écouter qu’ils avaient gagné, que d’apprendre qu’ils ont fini à 0’’149 de la 135 après 8 heures de course relève pour moi de l’orgasme. Chéri range ton bazar, c’est bon pour ce soir.
Je suis content pour les aigles du chnord ; c’est bien qu’ils aient gagné ; ils vivent dans des régions pas faciles. Ca va les aider à tenir pour quelques semaines.